Après presque quinze ans de carrière, le nom de Butler reste associé de manière inextricable à celui d’Arcade Fire, avec tout ce que ça suppose de tubes planétaires mais aussi de décorum un peu pesant. C’est oublier que les Butler, ce sont deux frères, Win et Will, et que le second, s’il reste au sein du groupe forcément dans l’ombre de son aîné, est un multi-instrumentiste accompli.
Pour son premier album solo, Will Butler puise d’entrée de jeu dans le bon vieux surf rock à papa en y insufflant l’énergie qu’on lui connaît sur scène, dans lesquels il rajoute parfois quelques synthés mais pas trop. Deux ballades, un morceau pouvant prétendre au destin de tube rock au milieu, il y a vraiment quelque chose de rétro dans cet album, un peu comme s’il voulait nous ramener dans la période pre-Funeral. D’ailleurs, l’ensemble se termine par un morceau assez choral qui est ce qui se rapproche le plus de l’Arcade Fire qu’on connaît bien… hasard ? Mmh, sans doute pas.
Policy est court, 28 minutes, et c’est sans doute ce qu’il faut car même si on passe un bon moment, on reste malgré tout sur une impression d’inachevé, comme s’il manquait un petit quelque chose. Est-ce la comparaison plus ou moins inconsciente avec l’énorme machine dont Butler fait aussi partie ? Est-ce lui qui a une certaine difficulté à tracer une route se démarquant de celle du groupe qu’il accompagne depuis tant d’années? Ou est-ce simplement son style musical, qui fait clairement appel à l’âge pré-électronique, qui est un peu trop épuré pour nos oreilles habituées à la sursaturation de la musique d’aujourd’hui ? Le deuxième album le dira peut-être.
Will Butler sera en concert (complet) le 18 avril à la Maroquinerie, mais aussi en live au Point Ephémère le même jour, dans le cadre du Disquaire Day.
Label: Merge Records