Très attendu – il paraît demain, le 18 mai 2015 -, ce sixième album des Anglais de Hot Chip, magiciens de l’électro-pop malgré une dégaine de losers de cour de récré, ne sera certainement pas l’une des révélations de cette année musicale, même plutôt l’une de ses grosses déceptions, atteignant péniblement la note de 3/10 à l’aune d’un album plutôt fade dans l’ensemble.
Pourquoi faire sens ?, se demande Hot Chip sur son nouvel album. Justement la question qui me tarabuste en ces temps de capitaux débordants et de politique qui tourne en rond… Une interrogation essentielle, qui sous-tend précieusement que notre vie n’a de sens qu’en suivant certaines valeurs, qu’ils déclameront tout le long de l’album : l’amour, la confiance en soi et en l’autre, les affres du quotidien, la lutte contre la morosité ambiante. Tout cela est de bon augure et l’on débute l’écoute sous les meilleurs auspices.
Premier constat : la construction de l’album ne varie pas d’un iota par rapport à l’habitude. Une variation habile entre morceaux dansants (les meilleurs de l’album à n’en pas douter : Huarache Lightset Need You Now), les titres gnan gnan très lents mais typiques du groupe (Love Is The Future, So Much Further To Go, White Wine & Fried Chicken), le morceau qui sort du standard (Why Make Sense?), les morceaux un peu déstructurés très marqué Hot Chip (Cry For You, Started Right), le classique à la basse émouvante (Dark Night).
Mais décortiquons l’album dans le détail…
Huarache Lights, le titre qui entame le disque – et édité en avant-première comme premier single en étant extrait -, est prometteur : des basses bien rondes et entraînantes, des synthés profonds et légers à la fois, la voix toujours aussi séductrice de Alexis Taylor ; tout fonctionne à merveille.
Malheureusement on se met vite à déchanter. Le déraillement commence dès le deuxième morceau, Love Is The Future. Avec un titre pareil, on partait pourtant d’un très bon sentiment : oui l’amour est la gage de notre avenir ; pourrait-on en dire autant de la guerre? Mais aïe, une mélodie un peu nunuche. Et bizarrement, Hot Chip s’y essaie à un flow hip-hop qui pourrait tout à fait s’accorder avec leur électro-pop aux accents légers. Et ce ne serait vraiment pas pour me déplaire. Mais il est d’une telle banalité que l’on s’ennuie ferme.
Suit Cry For You, dont les premières notes rassurent, comme le départ de Huarache Light. Mais si le refrain est de bonne tenue, les couplets sont plutôt plats, voire frisent la niaiserie.
Du coup, c’est notre confiance en cet album qui est entamée. Started Right, passable, ne changera rien à la donne. Et la lenteur inique de White Wine And Fried Chicken, façon slow de l’été sans relief, finit par nous abattre… Il reste pourtant encore cinq titres à écouter, soit la moitié de l’album. Jusqu’ici, on n’en avait retenu qu’un !
Dark Night renoue avec une meilleure tenue, presque à la manière d’un WhoMadeWho, avec sa basse ronde et émouvante : agréable à écouter mais si l’on en vient à comparer les incomparables Hot Chip, qu’advient-il de leur identité ?
Easy To Get, un peu plus funk, s’écoute agréablement sans retenir complètement l’attention. Alexis Taylor y est accompagné d’une voix grave et sensuelle, et de chœurs, qui s’accouplent assez bien à la sienne, haut perchée. Le final nous donne tout de même l’envie de siffloter et de bouger. On reprend espoir.
Need You Now lorgne directement vers la house 90’s et le UK garage. Et s’en sort franchement bien, à vrai dire. Ce n’est pas pour rien que ce titre a été édité en single car il donne une furieuse envie de se trémousser. Et de deux titres à retenir !
So Much Further To Go est aussitôt terminé qu’on l’a déjà oublié. L’album se conclut sur le morceau donnant son nom à l’album, Why Make Sense? : l’oreille se tend, le ton est plus sec, plus cassant, plus expérimental aussi, ce qui n’est pas dans leur habitude. Et avouons que cela leur va plutôt bien. Certainement LA belle surprise du disque.
Du coup on se prend à rêver d’un album qui aurait été plus dans cette veine, plus risquée, plus inattendue, plus dansante aussi. Mais au final la tiédeur de cet opus ne nous retiendra pas bien longtemps. Sans doute la déception est-elle à la hauteur de l’attente que l’on place en eux. Sur ce, je m’en retourne à l’écoute des anciens albums, dont eux, on ne se lasse pas !
À noter : Il paraît que le EP bonus livré avec l’album en vaut vraiment la peine. Et pour combler les fans, sachez que chaque édition sera unique, composée d’une variante parmi 501 couleurs !
Label : Domino Recordings Co Ltd