Skip&Die – Cosmic Serpents

L’histoire commence par des psychotropes. Pas étonnant de la part d’un groupe mi sud-africain mi-néerlandais qui transcende les genres, fantasme les goûts, prône l’overdose de couleur et fusionne les univers jusqu’à la transe tant attendue. Les styles revendiqués sur cet album : la cumbia digitale, le maloya créole, la rasterinha brésilienne, l’électro chaabi, le dub, le footwork et même le rock psychédélique !
Cosmic Serpents, le titre d’ouverture suivant l’intro, premier single extrait de l’album éponyme, fait bien le lien avec le premier album Riots In The Jungle (qui, l’air de rien, a déjà trois ans et nous a bien fait nous trémousser le popotin durant des mois, avec les magiques Love JihadLa Cumbia Dictatura ou Killing Aid). Même énergie communicative, une pop nerveuse, fouettée à coups de percussions, au flow très hip-hop scandé par la voix charmeuse de la chanteuse et vidéo-plasticienne Cata.Pirata.
Les deux morceaux suivants s’attachent plus à un style en particulier :
– Maloya Magic, avec Lindingo comme invité, annonce la couleur et réinterprète ce style typiquement réunionnais, un peu comme si le maloya de Daniel Waro avant fait la cour à l’électro avec un refrain en français très chanté (« est-ce que tu vois ce que je vois, est-ce que tu sens ce que je sens ? » oui oui on voit !) et des rythmiques très urbaines,
– Perpetual War se la joue hip-hop version sombre, avec un côté dub qui lui apporte sa belle rondeur et des percus dancehall par instants.
Coincé entre deux interludes, Space Girls se traîne un peu un longueur, façon Crystal Fighters que l’on aurait voulu survitaminé mais qui lasse vite. Cette parenthèse ralentit malheureusement le rythme de l’album, pourtant si bien entamé jusque-là.
Mami Wata amène de l’exotisme avec ses très rigolos bruits de jungle et son tempo brésilien. Et déjà votre corps se retortille par l’envie de danser, bien que le rythme soit tout à fait apaisé.
Nine Dimensions, plus conventionnelle, reste une jolie mélodie pop, tandis que Mañana, plus lent que ses acolytes, aurait pu conclure l’album ou vous servir de réveil matin en douceur.
Sunshine Rebellion Gang s’envole quant à lui vers les contrées orientales, ce qui sied plutôt bien à l’identité du groupe. On y trouve même un arrière-goût de MIA, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Suit un Burning Bridges aux accents plus rock avant de terminer sur un Youth With A Skull plus anecdotique avec ses sonorités hawaïennes et ses gouttes de pluie.
Au final, ce second album, de bonne tenue, s’avère moins addictif et enjoué que son premier comparse : étant plus posé, il n’en demeure pas moins un compagnon de jeu plutôt agréable, avec cette volonté de mélange des genres toujours aussi enthousiasmante. Il faut dire que l’album a été enregistré un peu partout : au Brésil, en Égypte, en Argentine, en Colombie, à l’île de la Réunion, en Afrique du Sud, au Portugal et aux Pays-Bas !

Label : Crammed Discs

À voir le 7 avril à la Maroquinerie à Paris et un peu partout en tournée en France : et sur scène, ce groupe, c’est une tuerie !