Daughter – Not to Disappear

L’une des beautés de la pop est incontestablement la fragilité de l’équilibre subtil qui fait que le charme agit ou pas. Daughter n’est pas un groupe révolutionnaire : le trio reprend des formules qui ont fait leurs preuves pour déployer un univers mélancolique où la délicate voix d’Elena Tonra flotte sur de douces nappes électriques. Pas de doute, nous sommes bien chez 4AD et la liste des « grandes anciennes » que l’on pourrait invoquer ici serait trop longue pour se livrer à l’exercice. Mais le miracle de cet album est précisément que malgré ce qui pourrait sembler un certain académisme, l’émotion se cristallise et que l’on est subitement bouleversé. L’intelligence des textes contribue beaucoup à la poésie noire qui émane de cet album vaporeux. Loin des postures, on comprend alors que Daughter utilise des formes connues pour écrire, au plus près de soi, une sorte de journal très intime. Ce travail de sincérité et de dépouillement ouvre la voie à une forme d’universalité dans la vérité du sentiment et propulse Daughter au sommet de nos amours hivernales.